Aux Antilles : hommes et choses

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LA MARTINIQUE

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harmonie indispensable entre toutes les races habitant la Martinique ; et les vers de Sully-Prud'homme qui terminent un de ses plus beaux sonnets me revinrent à l'esprit: « Je connus mon bonheur, et qu'au monde où nous [sommes Nul ne peut se vanter de se passer des hommes, Et depuis ce jour-là, je les ai tous aimés. »

M. Z...m'entraîne. Étourdi par mon séjour dans cette usine trépidante je le suis. Six heures sonnent, le dîner s'apprête; je ne veux point séjourner trop longtemps ici. Ce soir même je dois retourner à Fort-de-France. Cette vaste, cette spacieuse maison, avec ses pièces immenses et ses longues galeries, voilà bien l'habitation du planteur telle que je me la figurais, la maison qui pouvait contenir toute une famille, où pouvait circuler tout un peuple d'esclaves. Un je ne sais quoi d'antique s'en dégage, parfum des mœurs d'autrefois, vieux souvenirs de cette noblesse française dont tant de cadets s'établirent à la Martinique. Là, s'écoulait cette vie à la fois somptueuse, simple et patriarcale, sans inquiétude surtout, avec une hiérarchie indiscu-


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