Aux Antilles : hommes et choses

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MARTINIQUE

liberté, en plein soleil, j'en voyais des troupeaux qui ruminaient le plus tranquillement du monde. Ma foi, eux aussi, s'ils pouvaient parler, se plaindraient fort injustement de leurs maîtres les békés. Suivons nos cannes ; arrivons au moulin qui va les moudre, les transformer. Je l'ai visité minutieusement. Pendant une heure je viens de circuler dans ses différents étages;je ne vous le décrirai pas dans ses moindres détails toutefois. A la Martinique, comme à Trinidad, la marche générale d'une usine de cannes rappelle absolument celle d'une usine de betteraves en Europe. Même disposition ; mêmes procédés. — Des wagons, les cannes sont jetées sur un conducteur incliné, sorte de trottoir roulant, planches étroites reliées entre elles par une chaîne articulée, et tournant sur des galets. Lentement elles montent au moulin, tombent dans un grand entonnoir ou trémie, glissent sous des rouleaux puissants qui les écrasent, passent sous d'autres rouleaux à plus faible écartement qui les pulvérisent. D'un côté s'échappe la bagasse ou résidu ; le jus coule de l'autre : celui-ci filant avec rapidité dans des rigoles de bois qui le conduisent aux chaudières, celle-là tombant lourdement sur les planchers, et de là dans les foyers. Particularité singulière, la canne 11


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