Aux Antilles : hommes et choses

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LA MARTINIQUE

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Un coup de sifflet retentit : la machine s'immobilise. Nous sommes arrivés dans un champ en exploitation. Qui vit moissonner en Beauce ou ailleurs s'imagine fort bien une coupe de cannes à la Martinique. N'était la hauteur de la plante qui double ou triple celle d'un homme, la faulx absente remplacée par le large couteau, les procédés restent les mêmes. Même disposition, même variété de travailleurs aussi. D'abord le moissonneur, nègre aux larges épaules, et qui manie avec une merveilleuse dextérité son coutelas, s'avance en tête. Le pied droit en avant, le corps penché, d'un coup sec, à quelques centimètres du sol, il frappe la canne. La plante tombe, arrachant avec un bruit de froissement ses longues feuilles des autres feuilles où elles étaient enchevêtrées. Quelques coups rapides sur la tige, la voici qui s'étale en deux ou trois tronçons sur le sol. Le coupeur avance d'un pas, s'attaque de nouveau au champ vivant, recommence à fouiller de son coutelas les grandes touffes vertes et frissonnantes. Derrière lui, à pas lents, marchent des femmes, des jeunes filles : les lieuses de nos champs de blé. Et quelle rapidité d'exécution, quelle prestesse de mouvements ! Vite, on prend la tête d'une canne munie de ses


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