Aux Antilles : hommes et choses

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AUX ANTILLES

ces pays tropicaux les arbres, les arbustes, les herbes ont le même vert, ce vert franc et cru des feuilles de palmiers. A tous moments, des voitures à mules, des chars à bœufs, des nègres nous croisaient, ceux-ci porteurs généralement d'un grand couteau, lourd, à lame large,, légèrement courbé vers le dos dans toute sa longueur. Les uns le tenaient incliné sur l'épaule ; d'autres le laissaient pendre au bout de leur bras,la pointe à terre, effleurant presque la poussière. «Voyez-vous ce coutelas, me dit mon compagnon, ici, pour les travailleurs, il remplace la faulx, la serpe, la faucille, la hache, la cognée. Vous le verrez à l'œuvre tout à l'heure ; mais vous le verrez laborieux et pacifique. Parfois aussi il apparaît dans les émeutes. C'est alors une arme terrible. » Sur ce, nous changeâmes de véhicule. De l'automobile il nous fallut sauter dans une de ces petites Decauville dont les propriétés de cannes sont sillonnées. Changement qui ne fut pas pour me déplaire. Ce wagon servait à déblayer les champs ; il n'avait rien du sleeping évidemment ; du moins il roulait sur des rails, paisiblement, sans cahots. On n'y ressentait plus ces terribles secousses de tout à l'heure.


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