Aux Antilles : hommes et choses

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AUX ANTILLES

Le soleil surplombe, l'air brûle. Peu à peu la haute masse du mont Pelé avance, se dégage. Nous doublons un dernier promontoire ; elle apparaît tout entière. Sur la déclivité du rivage, dans une anse profonde où se. trouve, paraît-il, ce qui fut autrefois Saint-Pierre, nos yeux cherchent à découvrir la ville ; mais d'ici, placés comme nous le sommes au ras des flots, on aperçoit seulement quelques murailles grises dans un fouillis désordonné de verdure. Bientôt, à un mille de la rade, inhospitalière aujourd'hui, portés par nos rameurs, à travers les brisants, nous débarquons ; et c'est une route qui dut être fort belle autrefois mais qui maintenant disparaît presque tout entière sous les herbes qu'il nous faut suivre. De temps à autre apparaissent des arbres brûlés, des murs écroulés et noircis. Ils témoignent d'une ancienne habitation disparue, d'une famille anéantie, d'une fortune évanouie. Égayé par la verdure nouvelle, ce paysage qui par son charme, nous faisait un instant oublier le passé, s'en trouve tout à coup assombri. Enfin nous dépassons le troisième morne, un dernier tournant ; nous arrivons. L'impression ressentie, la secousse violente


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