Aux Antilles : hommes et choses

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AUX ANTILLES

bleues. Des sentiers en lacets apparaissaient, courant au fond de ces vallées, grimpant à mi-côte, ou tombant dans une anfractuosité de rochers que, çà et là, de grands arbres laissaient apercevoir, comme à regret. Dans la vallée de Roseau un torrent serpentait ; les blocs sombres où s'accrochait son écume semblaient, sous le plein soleil, sertis par du métal en fusion; son courant apparaissait, disparaissait sous des arbres penchés ; étincelante de rayons, sa surface se pailletait d'innombrables étincelles. Poussés par les alizés des nuages s'accrochaient aux sommets lointains, ou s'en détachaient avec une mollesse charmante. Et des têtes étoilées de palmiers surgissaient de toutes parts, disséminés çà et là, ne vous permettant aucune méprise, vous rappelant les tropiques, situant votre vision à des distances infinies d'Europe. Partout éclatait la vie. Le sol lui-même disparaissait, semblait anéanti sous cette exubérante végétation. On en arrivait à oublier son existence. Mais justement, à la réflexion, ce qui frappait dans ce paysage c'était le caractère tourmenté des montagnes, joint à cette extrême fertilité qui les faisait vertes, d'un vert d'émeraude, et comme souriantes jusqu'à leur sommet. Cette antithèse donnait au pays entier un aspect particulier et


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