Aux Antilles : hommes et choses

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AUX ANTILLES

voilà qui est tout à fait inattendu : c'est un turban roulé de façon singulière, différant d'une femme à l'autre en d'incroyables proportions. Quelquesunes le portent aplati sur le sommet de la tête comme une galette ; d'autres le renversent ; on le voit pendre sur leur nuque blonde, comme un chignon. Celle-ci le ramenant sur les sourcils s'en ombrage le front ; celle-là, au contraire, l'édifie en une haute et prétentieuse coiffure à la MarieAntoinette; cette dernière, enfin, en noua capricieusement les deux extrémités sur le sommet de sa tête, et l'on voit, à chacun de ses mouvements, les deux cornes d'étoffe s'agiter comme de petites oreilles mouvantes. Ces turbans, de couleur vive, étalent des fleurs, des dessins, des rayures, en haut, en large, en travers. Ajoutez à cela la diversité des peaux, les attitudes variées, les fruits exotiques, bananes, ananas, mangues, des poissons d'une grosseur et d'une espèce inconnues, le tout étalé à terre, en monceaux, devant elles, et vous imaginerez quelque chose de cette impression d'étrangeté que je viens de ressentir en circulant sous le marché couvert de Fort-deFrance. Cependant certaines négresses et mulâtresses font exception. Dans cette débauche de vêtements


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