Les corsaires du Roi

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LES CORSAIRES DU ROI

— Que signifie, monsieur, cette mascarade ? M. de Coëtquen, qui s'attendait à de grandes louanges, ne fut pas ébranlé par ce coup de revers. — Sire, répondit-il, ce sont mes hommes en habit d'uniforme et votre serviteur en habit de capitaine. Le Roi sentit la leçon. Foudroyant du regard l'impertinent : — Je vous ai fait venir, monsieur, pour vous infliger un blâme en présence de mes troupes, comme il sied à un « roi de revue ». Votre insolence aggrave votre cas. Quittez mes vaisseaux et rentrez chez vous : je vous casse. Alors on vit M. de Coëtquen saluer sans pâlir. Il s'inclina devant le Roi, puis se redressant avec la fierté de sa naissance : — Heureusement, Sire, que les morceaux me restent ! C'était breton, messieurs, et le Roi, qui aime cette race de vieux marins et qui goûte l'esprit par-dessus toutes choses laissa partir son capitaine comme il était venu. Il ne voulut même pas qu'il fût inquiété en aucune sorte. Pendant trois jours, Versailles et Paris purent voir M. de Coëtquen se promener librement avec tout son équipage. C'est ainsi qu'il quitta la marine du Roi, et par amour de la mer et de la guerre, entra


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