Les corsaires du Roi

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LES CORSAIRES DU ROI

prince, dont on les voulait affubler et considéraient avec justice qu'elles leur donnaient dans les combats une allure de poltron. Ils se refusaient à porter ce qu'ils appelaient une livrée de goujat, parce que cette symétrie du costume allait jusqu'aux valets du bagage. On se doute bien que le plus ardent à combattre ces ordonnances devait être M. de Coëtquen. Il déclara ouvertement qu'il continuerait à s'habiller comme il l'entendait, qu'il se moquait bien du hausse-col, du plastron de poitrine et autres parures de marionnettes, et qu'il ne consentirait jamais à être vêtu de la même étoffe que M. de Romanet et ce petit M. de la Clochéterie, capitaines de brûlots, qu'il trouvait les personnages les plus ridicules du monde. Il fit entendre à M. de Seignelay, le ministre, qu'il n'entrait pas dans cet esprit légionnaire et qu'il était assez connu de ses marins pour pouvoir se passer d'un signalement. Il lui échappa même d'appeler son maître un « roi de revue », mot qui fit fortune parmi les ennemis du Prince et qui finalement parvint à ses oreilles. C'était après l'affaire de Selingue. Le Roi venait d'apprendre que le marquis s'était montré dans la bataille avec le justaucorps à brevet. C'était une transgression à toutes les ordonnances sur l'uniforme et de plus un manque-


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