Les corsaires du Roi

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LES CORSAIRES DU ROI

barres ou en piastres. C'est un article sur lequel je défie quiconque, fût-ce le Pape lui-même, de leur faire entendre raison autrement que par la force. Mais il faut pour cela du courage et de bons canons bien fournis. Quand ils sont les plus forts, il ne faut que cent piastres ou deux barres d'argent trouvées dans un bâtiment pour le faire confisquer, lui et sa cargaison, parce que ces noirauds prétendent toujours que cet argent n'a pas payé les droits du Prince. Or, mes amis, Daniel, qui mettait un point d'honneur à ne payer des droits qu'au roi de France, avait chargé pendant quelques nuits, dans la rade de Port-Riche, tant d'argent en barres et en piastres qu'il en avait lesté sa barque, au lieu de fonte et de cailloux. C'était la Caroline, de vingt canons de dix livres de balle, légère comme un marsouin et plus vite qu'un albatros. Il est probable que s'il s'était entendu avec les douaniers, en leur laissant un centième de sa charge, comme c'est l'usage dans le pays, ces messieurs l'auraient très bien laissé passer. Mais c'était un homme de Coutances, en Normandie, et comme on dit des gens de ce pays-là, un sorcuidé, ou glorieux : il ne voulait rien faire qu'à sa tête, et le Diable ne l'aurait pas fait changer. Aussi les douaniers avaient-ils prévenu la marine. Les Espagnols amenèrent deux galions


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