Les corsaires du Roi

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LE BOUCAN DE COCHON

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temps, dressaient la table à la façon boucanière, c'est-à-dire qu'elles étalaient sur la terre même des feuilles de balisier, de fougère et de cachibou, avec d'autres feuilles de cachibou comme assiettes. Chaque convive avait en outre deux fourchettes de bois, une serviette de bananier, et sa moitié de calebasse ou couï pour boire. Après quatre ou cinq heures, le Père annonça que le boucan allait être prêt. Tous les invités qui se trouvaient dans la clairière firent une décharge générale de leurs fusils pour rappeler les chasseurs. A mesure qu'ils arrivaient, on plumait grives, perroquets, diables, perriques et perdrix qu'ils rapportaient, et d'après la grandeur de la bête, on la jetait dans le ventre béant et fumant du cochon, qui servait ainsi de marmite, ou bien on la passait dans une broche de bois qu'on plantait dans le sol devant le feu. Tous les convives étant présents, l'on s'assit par terre autour de la table, les fusils près de soi, et chacun tira son couteau pour découper les viandes. Le hasard avait bien servi M. Bréart, qui se trouvait entre les dames, et aussi le Père Anselme qui voisinait avec la sœur de Mme Shepherd. Quand il eut dit le Benedicite, il prononça la formule d'usage : — Messieurs, le boucan est ouvert. Puis levant sa calebasse pleine de vin, aussi CORSAIRES


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