Les corsaires du Roi

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LES CORSAIRES DU ROI

més, avec un homme devant la porte pour éloigner les curieux. Quand ils en sortaient, c'était pour se promener sur le pont et dans la batterie où elle se faisait expliquer les détails de la manœuvre. Nos hommes s'empressaient de Tinstruire. On lui montra comment on vire, comment on met à la cape, la marche, l'arrêt, la bordée, la conduite, etc. Elle voulut apprendre le nom des vents, des cordages, des vergues, tous les mots de notre beau langage de marins. Il fallut même lui montrer comment on charge un canon, comment l'on tire à mitraille ou à boulets, et je l'ai vue mettre de ses propres mains la flamme à la lumière sans nullement s'effrayer du coup de feu. Elle brûlait d'assister à un abordage, mais le seul navire que nous rencontrâmes se rendit sans se battre, rendu prudent par le seul aspect de notre flottille. Quant à M. Bréart, il semblait oublier les devoirs de son état, et l'on commençait à en murmurer dans l'entrepont. A mesure que nous approchions de Saint-Thomas, son humeur devenait plus chagrine. On hésitait à l'aborder, même quand il le fallait absolument. L'équipage, chaque fois qu'il était nécessaire, venait me prier de m'entremettre, sur ce que ma position m'obligeait à parler au Capitaine trois ou quatre fois dans la journée. Je n'ignorais pas non plus les causes de son impatience: toucher Saint-


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