Les corsaires du Roi

Page 222

220

LES CORSAIRES DU ROI

grand largue vers l'est. Ils en furent si joyeux qu'ils tirèrent toute la bordée amure pour narguer les gens du fort. C'était un vrai bon brigantin de ces pays-là, partie cèdre, partie chêne, avec l'arbre de misaine à bout de quille penché en avant, un seul foc, trinquet et civadière, percé pour quatorze mais n'en portant que dix, de douze livres, il est vrai, fin boulinier s'il en fut, ses voiles toutes neuves, et propre comme un écu au gousset, bien digne de ce qu'il portait dans le ventre. Hauchecorne y était allé voir aussitôt. Il se trouva que l'Irlandais ne s'était pas trompé. On découvrit l'or dans la fosse aux câbles, quelque deux cents barillets de quatre-vingts livres pesant dont le Nantais fit ouvrir une dizaine : ils étaient pleins de piastres en piles soigneusement rangées sous des feuilles sèches de cachibou. Il n'en prit qu'un pour les besoins du bord. Le reste remis en place, on cloua le panneau de la fosse, et défense à quiconque de se promener dans ces parages. Outre cela, le navire portait du sucre, de la canelle, du guarapo et du tendre-à-caillou. On commença par jeter les cadavres aux requins et inscrire la part des blessés dont aucun ne mourut. Puis on abattit toutes les cloisons des cabanes pour mettre le navire en


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.