Les corsaires du Roi

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LE TRÉSOR DE BOOUISECO

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que six ou huit hommes au plus à supprimer. Ils se séparèrent à la nuit, allant par groupes de deux ou trois en chantant, pour donner le change, Hauchecorne avec William qu'il avait désigné comme second. Ils se retrouvèrent à deux heures de là, sur la plage. La lune descendait vers les cayes de roche qui sont groupées à l'ouest de la rade. On distinguait nettement le brigantin sur le fond clair du ciel, immobile au milieu du port, un fanal à l'arrière, pas une lueur aux sabords. Couchés sur le sable, ils ne voyaient plus rien des eaux mortes, seulement ce navire, toujours plus grand dans leurs yeux goulus, ses deux mâts jusqu'aux étoiles, ses vergues brochant sur le sud et le nord. Et quand la lune fut dans l'eau et qu'il fit plus noir que sous la forêt, ils continuèrent à regarder l'immense mâture qu'ils ne voyaient plus... A minuit, le capitaine Hauchecorne s'était emparé du Boquiseco, n'ayant perdu qu'un seul de ses hommes, ayant tué les six du bâtiment : cela sous le canon du fort, en pleine rade, à cent brasses des autres navires, sans éveiller l'attention de personne, en sorte qu'au petit jour ils levèrent leurs ancres et sortirent en galère, faute de vent, comme s'ils ne devaient jamais avoir à leurs trousses les frégates de Sa Majesté Catholique. Au débouquement, ils trouvèrent un joli frais qui les emporta


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