Les corsaires du Roi

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LES CORSAIRES DU ROI

Espagnols attachent leur saint Diego au mât de misaine. Nous étions alentour. Il nous regardait sans bouger les yeux, même quand le soleil venait à tomber dessus. Et le capitaine l'ayant déclaré de bonne prise, chacun leva son chapeau en criant : — Vive le roi David ! C'est alors, je crois bien, ou peut-être le soir, au premier quart, qu'il se mit à chanter, non pas en latin, car je sais bien que je ne suis qu'un âne là-dessus, mais en bon français de chez nous, parlant comme un marin des « sentiers de la mer » et de toutes les choses qui font notre vie de flibustiers. Et pour accompagner sa chanson, de même que les nègres frappent le bayou ou la baboula, il faisait résonner les cordes de sa harpe de bois doré, aussi bien que la belle Mayotte de la GrandeAnse sa guitare portugaise. Cela dura tard dans la nuit. Les autres ronflaient. Moi, je ne dormais pas, car j'espérais des choses extraordinaires. Et de fait, à la mi-nuit, le roi David se mit à marcher sur le pont comme s'il n'avait jamais eu de garcettes autour des reins. Et il chantait la chanson que nous disons quand nous allons courir sur l'Anglais, avec une voix de cent personnes pour le moins, tout de même qu'un équipage entier. Et au même instant la vigie cria :


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