Les corsaires du Roi

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LA BATAILLE DES GODDAMS

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profite pour fêter les deux victoires. On tue Pedro, le dernier cochon qui nous reste. M. Lestobec invite à sa table les capitaines des deux prises et leurs officiers : ils lèvent à boire plus de vingt fois au roi de France, au roi d'Angleterre, aux belles de Saint-Thomas. M. Woodsfield, capitaine du Radnor, fait un beau discours où il ne cherche même pas à dissimuler son admiration pour le courage et la science nautique de son vainqueur, et M. Lestobec le serre longuement dans ses bras. Pendant ce temps, les équipages ont bien mangé et reçu double ration de guildive. A l'avant, les matelots anglais dansent avec les nôtres au son de la cornemuse et du violon. Cela nous mène jusqu'au petit matin, où les voiles commencent à blanchir ; et chacun s'en va coucher, sauf la bordée de quart dont les jambes ne sont pas aussi fermes que les jurons. Trois heures après, l'homme de vigie se réveille juste assez tôt pour découvrir une frégate de seize courant sur nous, le Saint-Georges à la poupe. Aux cris de nos marins, le capitaine sort de la chambre, en chemise, et tête nue. Il tire un coup de pistolet dans le dôme pour réveiller les dormeurs de la batterie. Puis il fait mettre toute sa toile et fuit devant l'ennemi, ce qu'il n'a plus fait depuis sa rencontre avec le Gaspar, vaisseau de guerre de soixante-quatorze ca-


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