Les corsaires du Roi

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LE CALENDA

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chœur le refrain en frappant l'une contre l'autre leurs paumes ouvertes avec le plus grand bruit qu'il se puisse faire. Pendant ce temps les deux groupes de danseurs et de danseuses, se tenant par le bras en deux chaînes, s'avancent l'un vers l'autre et reculent ensuite en mesure, un peu comme on le fait dans l'allemande, jusqu'à ce qu'un accord frappé par les instruments et le roulement du tambour les poussent l'un contre l'autre et leur fassent donner à leurs vis-à-vis de grands coups de ventre et de cuisses, comme s'ils cherchaient à s'unir charnellement. Ils se séparent ensuite et recommencent leur pantomime aussi longtemps que le signal ne se reproduit pas. Dès qu'il leur est donné, les hommes reviennent vers les femmes, se collent le ventre à leur ventre, et se démènent et se trémoussent de cette manière tout le temps que gronde le tambour, sans cesser de s'entre-baiser des lèvres avec beaucoup de lasciveté. On peut croire que ce spectacle, malgré tout ce qu'il offre de déshonnête, ne laisse pas d'avoir quelque attrait et qu'il est fort du goût non seulement de nos nègres mais encore de nos flibustiers. Or donc, sans quitter la table joyeuse, nous excitions les danseurs de la voix et faisions porter aux plus dégourdis des flacons de tafia


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