Les corsaires du Roi

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LES CORSAIRES DU ROI

les bras que nous les avions gonflés de pustules. Nous étions dans la plus extrême nécessité de nous couvrir, et aussi de trouver à boire et à manger, car depuis quarante-huit heures, nous n'avions absolument rien pris. Nous ne fûmes pas longs à nous apercevoir que nous étions sur un îlot de quelque six cents brasses de tour, sans trace de végétation ni de vie animale. Après bien des recherches, nous découvrîmes, dans un creux de rocher un peu d'eau de pluie déjà rousse que nous bûmes avidement. Le Portugais, qui était le plus en état de se donner de la peine, nous apporta une douzaine de moules que nous nous partageâmes avec autant de gravité que s'il avait été question de charte-partie. Ce repas, aussi maigre qu'il fût, nous rendit la force et l'espérance. Cependant le soleil continuait à nous brûler. Nous vîmes avec joie venir la nuit, mais nous connûmes bientôt que nous nous étions réjouis trop vite, car un froid très vif succéda brusquement à la chaleur : du moins nos pauvres chairs meurtries l'éprouvaient ainsi. Nous tremblions de tous nos membres, et nous n'eûmes d'autre ressource, nus comme nous l'étions et sans couvert, que de nous serrer les uns contre les autres en nous réchauffant de notre chaleur mutuelle. Nous en étions venus à


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