Les corsaires du Roi

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LES CORSAIRES DU ROI

nant de plus près, nous vîmes bien qu'on ne pourrait le relever. Toutefois, comme il était chargé d'indiennes, de voiles de Mousseline et de courtes-pointes de Masulipatan, nous décidâmes de transporter à notre bord ce que nous pourrions de la cargaison, après l'avoir fait sécher au soleil. Nous en étions à étendre les pièces d'étoffe sur le rivage, lorsqu'un nègre du vaisseau anglais vint trouver M. Bréart, et sur la promesse que celui-ci lui donna de la liberté, l'avertit que deux jeunes dames de considération s'étaient cachées dans un fourré pour sauver leur honneur. Il fit de leur beauté un éloge si pernicieux, avec des gestes si malhonnêtes, et des grimaces d'une telle indécence, que M. Bréart crut pouvoir lui casser la tête d'un coup de pistolet. Après quoi, le chapeau à la main, il se dirigea vers le taillis, et sans y pénétrer, supplia ces dames de s'en remettre à la discrétion d'un gentilhomme français, les assurant qu'elles seraient à son bord comme dans leur maison et servies par leurs propres esclaves. Elles se rendirent à tant de courtoisie et sortirent de leur asile avec un air de douce conquête qui ajoutait de l'agrément à leur beauté naturelle. C'était la femme et la belle-sœur du gouverneur anglais de la Barbade, et comme telles pourvues chacune de six ou sept esclaves, hommes et


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