Les corsaires du Roi

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LES CORSAIRES DU ROI

qu'il n'en était pas autrement récompensé que de se trouver sans un sou vaillant, et qu'il osait compter sur la réputation d'homme de bien que M. du Casse s'était faite aux Iles pour lui procurer, à lui Montestruc, un solide établissement. » M. du Casse écouta jusqu'au bout le compliment de notre ami, et voyant bien, à l'interroger, qu'il n'en ferait ni un colon, ni un officier d'infanterie, ni rien de ce qu'on peut être qui ne soit pas flibustier, lui conseilla de se marier, l'assurant au surplus qu'un gentilhomme de sa tournure ne serait pas en peine de trouver un excellent parti ; qu'en attendant il voulût bien considérer comme sienne la maison et ses dépendances, user de sa table, de sa cave et de son écurie, tout autant qu'il le voudrait ; qu'en ce faisant, il se montrerait noble homme et que son Gouverneur lui en aurait une infinité d'obligations. Notre Gascon accueillit ces politesses comme l'aurait fait un vrai gentilhomme, et se mit tout de suite en campagne, monté sur un cheval de M. du Casse, avec un habit complet de son protecteur, la bourse pleine de piastres et de louis d'or que M. du Casse lui avait donnés. Ainsi monté, paré et fourni d'argent comptant, il n'eut pas de peine, en fréquentant les cabarets, à faire parler ceux qui ont la langue remuante et le gosier altéré, et connut bientôt, avec le chiffre


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