Les corsaires du Roi

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LES CORSAIRES DU ROI

* * * Quand je suis revenu à la vie, j'étais étendu dans le fond d'une pirogue, avec le ciel au-dessus de moi. Le cadavre de Suche était couché à l'autre bout, une balle dans l'œil droit. Des mouettes volaient alentour. De tous côtés, la mer... Après six jours d'agonie, un navire portugais m'a recueilli. J'ai retrouvé mes hommes au Fort-Saint-Pierre. Et la guerre est revenue, pour notre salut commun. Je ne suis jamais retourné au Yucatan. Je sais trop que je ne trouverais qu'une fosse vide gardée par un dieu qui n'a plus de secret. J'ai eu sous les mains que voilà le plus grand trésor qu'un homme ait possédé sans doute, depuis que Montézuma n'est plus. Je l'ai perdu aussitôt que trouvé. Je ne regrette rien. Je sais que la richesse détrempe les âmes. Il vaut mieux pour nous que chaque jour du Seigneur nous apporte un nouvel effort et une nouvelle conquête. ***

Nous écoutions s'élargir en nous ces paroles de la très ancienne sagesse boucanière. Il est Bien vraie que si nous avons quitté les provinces où nous sommes nés, c'est pour connaître les


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