Les corsaires du Roi

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LA MAIN D'OR AU Ier JUIN

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— Ce n'est pas seulement la main, c'est le dieu tout entier qui est en or ! Pendant les jours qui suivirent, je me levais chaque matin avant l'aube et j'épiais le retour du soleil sur l'horizon. Il émergeait d'une colline lointaine, sèche et nue comme le reste du paysage. Quand il frappait de ses rayons la main de la statue, la nature de la pierre, presque blanche et semée de micas, faisait de cette main touchée par la lumière un morceau de métal aussi brillant que l'or pur. La clarté descendait ensuite comme une coulée sur la face, la poitrine, le ventre et les jambes. L'office de l'aube était terminé. Je rentrais sous la tente. Suche me considérait avec une sorte d'anxiété. L'Indien préparait son arc que j'emportais chaque jour pour tuer le gibier aux abreuvoirs de la rivière. Cohuatl y avait amarré sa pirogue. Je me cachais au fond et faisais bonne chasse en silence. J'avoue que je trouvais un plaisir singulier à me servir de cette arme primitive. En rejoignant mes compagnons, je m'amumusais à tirer devant moi pour l'amusement de voir voler la flèche ; elle tombait à trois cents pas et vibrait longuement dans le sol. Je la ramassais en passant et je recommençais jusqu'à la tente. Je retrouvais Suche et l'Indien accroupis à l'ombre de la statue. Ils se taisaient en me voyant approcher. J'en étais venu à regretter de n'avoir


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