Les corsaires du Roi

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LE BOUCAN DE COCHON

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des bonnes choses et des sottises, suivant qu'on les a vus comme il fallait, ou pour faire du roman. Certes, je n'ai pas connu la grande époque, celle de Pierre-le-Grand, Dieppois ; de Pierre Franc, de Dunkerque ; du Portugais Barthélémy ; de Roc de Groninghe, en Frise ; du Hollandais David ; et surtout de l'Olonnais et de Michel le Basque. Ce que j'en ai lu me fait penser que ces histoires se prêtent à de belles couleurs et que l'imagination des gens d'esprit fait quelquefois la folle quand il s'agit de canonnades et d'abordages. Il est bien commode, pour celui qui écrit dans un cabinet, de mener des batailles sur mer et de faire des héros à la douzaine, sublimes et désintéressés. Mais la vérité est bien plus belle, du moins je le pense comme ça. Il est certain que les flibustiers sont pleins de zèle pour le pays et pour le service du Roi ; mais il est aussi certain qu'ils sont comme les autres hommes et qu'ils veulent avoir de l'argent. Ceux qui se laissent grappiller par les garces, et ceux qui ne cherchent qu'à se former un établissement, ont le même désir de harper des piastres et des livres. C'est pour cela, je pense, qu'ils s'embarquent et pas pour autre chose. Pour le reste, cela va bien à l'œil, et de loin, mais c'est pures menteries. Quand on raconte les belles histoires de Colomb, de Magellan et de tous ces gens-là,


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