Les corsaires du Roi

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LÈS CORSAIRES DU ROI

Le nègre en sut quelque chose, car il reçut une grande claque dans le dos, une montre en or, une chemise de soie, et un coup de pied au cul pour finir. Et le lendemain les cinq amis s'entendaient à merveille ; et tous les jours qui suivirent le Capitaine et ses petits oiseaux vécurent en parfait accord. Les colibris s'en allaient à l'aurore faire pâture de rosée dans un jardin de fleurs qu'une troupe de nègres soignait du matin au soir. Pendant ce temps, Le Rouge allait à ses affaires, parcourant à cheval les champs de cannes et les prairies du Marigot. L'après-midi tout le monde se retrouvait dans la grande chambre. C'était merveille de voir ces bestioles installées toutes quatre, pas plus grosses qu'une amande de cacao, sur le doigt du Capitaine, bourdonnant à qui mieux mieux et agitant leurs ailes ; puis elles s'envolaient à travers la chambre, faisaient deux ou trois tours et revenaient sur leur perchoir. Il leur donnait à manger une pâte très fine, claire comme de la bouillie, qu'il faisait avec du biscuit, du vin d'Espagne et du sucre, et qu'il leur offrait sur le bout de son doigt. Il fallait voir les petites langues jaillir des longs becs recourbés et sucer la pâte tant qu'elles pouvaient. Le Capitaine en riait d'aise tout seul dans la grande pièce remplie d'ombre


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