Les corsaires du Roi

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LE CAPITAINE LE ROUGE

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rir les petits. On les reconnaît l'un de l'autre par cela que le mâle a sur la tête une huppe en manière de couronne faite des plus fines et des plus belles plumes qui se puissent imaginer. Ils entraient par la fenêtre avec un léger bourdonnement, comme celui des grosses mouches ou des mâles d'abeilles, allaient tout droit au nid et ressortaient presque sans se poser. Cela dura jusqu'à ce que les petits furent assez forts pour secouer leurs ailes et sortir du nid. Quand ils s'envolèrent avec leurs parents et disparurent par la fenêtre, le Capitaine Le Rouge se sentit plus seul qu'il n'avait jamais été. Il lui sembla que sa douceur s'en allait de lui avec ces oiseaux. Et le voilà qui se sent repris par sa colère. Il lui faut massacrer bêtes ou gens ! Il jette son fusil sur son épaule, marche à grands pas vers la montagne, et tout le jour, tue ramiers, perriques et cochons, sans ramasser le gibier qu'il abat, assez content d'avoir assouvi sa rage. Mais quand il rentra le soir, il fut bien étonné : les quatre colibris étaient dans la cage ouverte. Ils étaient revenus, lui dit son nègre, dès le plein soleil, avaient longtemps voltigé dans la chambre, comme s'ils cherchaient quelqu'un, et s'étaient enfin réfugiés dans leur boîte où ils avaient chantonné tout le reste du jour. On peut croire que le Capitaine fut content !


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