Les corsaires du Roi

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LES CORSAIRES DU ROI

des Anges s'était effacé. Quand la nuit fut tout à fait venue, il lui sembla voir une grande étoile, plus belle que celle de Balaam, se balancer parmi les vagues, comme un fanal de Paradis. — Tous autour de moi ! ordonna-t-il en s'avançant sur le gaillard. Car cet homme étrange, quand il était au comble de la passion, montrait un calme terrible. Et quand les compagnons furent rassemblés : — Voici, dit-il, je vous quitterai à la prochaine terre. Choisissez-vous un autre chef. Moi, je suis pour Nioc l'Irlandais. Il y eut des clameurs de tous genres car personne n'était content. Et même l'Irlandais s'agenouilla devant son capitaine et le supplia de ne pas les quitter. Mais il répondait en secouant la tête : — Mon tour est passé... J'ai entendu la musique des Anges... Puis, comme certains le traitaient de foireux et de cagot : — A vos postes, hurla-t-il, les mains sur ses pistolets de ceinture, et gare à qui n'obéit pas ! En sorte qu'en geignant ils mirent le cap à la Guadeloupe, et trois jours après débarquaient leur capitaine à la Basse-Terre, près de


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