Manuel d'histoire d'Haïti

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LES ESCLAVES

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à son insu, ces vocables magiques et mal définis impressionnèrent son esprit fruste; victime résignée pendant trois cents ans. le jour n 'était plus loin où du fond de la conscience obscure de l'esclave, se dresserait cette conviction qu'un effort était possible qui ferait tomber les chaînes de la servitude et restituerait le droit à la liberté ! c) Des esclaves, d'intelligence plus déliée, comme Toussaint Louverture, Boukman, Biassou, eurent l'intuition de cette transformation intime, ignorante d'elle-même, et résolurent de l'exciter d'abord et de l'utiliser ensuite pour conduire leurs compagnons d'infortune à l'assaut de cette liberté, dont les privait le plus révoltant abus que l'homme puisse faire de l'homme.

PLU

S

D'ESCLAVAGE.

d) Ils voulurent, avant toutes choses, enlever la crainte des châtiments atroces, conséquence fatale d'un échec; ils tentèrent de persuader que le roi, voulant adoucir le sort des esclaves, leur avait accordé trois jours par semaine de liberté presque complète, mais que les blancs de SaintDomingue, mécontents, n'avaient pas obéi à leur chef suprême, le roi. L'argument n 'ébranla personne.

41. — Boukman. C'est alors que Boukman entra en scène et résolut de frapper et l'imagination et les sens. Né à la Jamaïque, Boukman était un N'Gan ou prêtre du Vaudou, religion principale des Dahoméens. Sa haute taille, sa force herculéenne, l'avaient signalé au maître


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