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HISTOIRE D'HAÏTI
de l'Assemblée Nationale, devint président de la République pour une période de sept ans (23 octobre). 224. Le Président Salomon. Lysius Salomon, frère du sénateur Etienne Salomon fusillé en 1863, était loin d'être un de ces noirs ignorants qu'une politique criminelle avait trop souvent hissés au pouvoir depuis Guerrier jusqu'à Domingue. De la même lignée que les Paul, les David Troy, les Hyppolite, il avait reçu une culture soignée : il en témoigna brillamment, en 1845, quand à peine âgé de trente ans, il prononça, dans l'église des Cayes, une vibrante apologie de Dessalines. Sénateur sous Riché, ministre des Finances de l'Empire, obligé en 1859 de s'exiler, il fut le cauchemar de tous les gouvernements haïtiens, de Geffrard à BoisrondCanal. Son influence sur les campagnards du Sud était si redoutée qu'il fut tenu éloigné de son pays pendant vingt ans : tantôt simple proscrit, tantôt ministre plénipotentiaire d'Haïti à Paris ou à Londres. Il protesta avec force et habileté contre l'ostracisme dont il était victime. Il utilisa, d'ailleurs, LE PRÉSIDENT
SALOMON.
son
exil
pour
se
livrer
à
une
étude
approfondie des questions financières, administratives, diplomatiques. Le président Salomon était donc un homme d'Etat d'une intelligence remarquable, instruit, probe, connaissant à fond les hommes et les choses de son pays, puissant sur les foules qu'il maniait à sa guise; et malgré son grand âge, — plus de soixante-dix ans, — d'une volonté, d'une énergie peu commune, qu'avaient entretenues le travail, la réflexion et les souffrances même de son bannissement.