Manuel d'histoire d'Haïti

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LES GOUVERNEMENTS EPHEMERES

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pendant quelques jours, une vraie chasse à l'homme répandit la terreur. Quand il en fut instruit, le débonnaire Pierrot blâma avec force les atrocités commises. — Le Cap, capitale d'Haïti. Par décret du 1" novembre 1845, le Cap-Haïtien supplanta Port-au-Prince et devint capitale d'Haïti. L'un après l'autre, les corps constitués, ministères, Conseil d'Etat, etc., s'y transportèrent. On y centralisa l'administration. Il en résulta un profond malaise. Les hauts fonctionnaires, astreints à des voyages continuels, les victimes de dénonciations malveillantes obligées de se rendre au Cap pour se disculper, se vengèrent en ridiculisant Pierrot et ses manies. La guerre contre les Dominicains. Pierrot redoutait Port-au-Prince. Il avait une autre idée fixe : le châtiment à infliger aux Dominicains. L'un des premiers actes de son gouvernement avait été une proclamation (10 mai 1845) où un appel à l'union était suivi d'une menace : "Je ne consentirai jamais à la divisibilité du territoire haïtien!" Furieux, inquiets, les Dominicains prirent prirent l'offensive et s'emparèrent de Hinche et de Lascaobas. Les Haïtiens, commandés par les généraux Samedi Thélémaque, Morrisset, Jacques Louis battirent leurs ennemis et les poursuivirent jusqu'en Dominicanie. Mais cette guerre, alors impopulaire, se réduisit bientôt à quelques escarmouches sur la frontière. Quand, le 1er janvier 1846, Pierrot, au Cap, annonça du haut de l'autel de la patrie que la campagne contre l'Est allait recommencer, on accueillit la déclaration avec une froideur marquée : les Haïtiens ne refusaient pas la guerre, ils voulaient seulement des chefs capables de les conduire. Déchéance de Pierrot. En 1846, on se moqua partout du Président. A SaintMarc, durant le carnaval, on imita sa voix, ses gestes, sa


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