Manuel d'histoire d'Haïti

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BOYER

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que lui avait légués le royaume de Christophe. Les Haïtiens ne se gardèrent pas toujours assez de la brutalité des mœurs militaires et heurtèrent trop de front les intérêts et les préjugés d'une population en grande partie bourgeoise. Un courant d'émigration assez dense s'établit au profit de Cuba. 156. — Reconnaissance de l'Indépendance d'Haïti par la France. a) Première mission française. — En montant sur le trône de France, Louis XVIII, frère de Louis XVI, se souvint de Saint-Domingue, le joyau de l'empire colonial des Bourbons. A ses yeux, la cause principale de la magnifique résistance des Haïtiens à Leclerc était l'usurpation du pouvoir en France par Napoléon Bonaparte. Par prudence toutefois, il n'envoya en Haïti qu'une mission officieuse de trois membres : Dauxion-Lavaysse, Dravermann, Franco de Medina. Dravermann ne remplit aucun rôle : le général Borgella, son parent, près de qui il était accrédité, n'était plus le chef du Sud. Dauxion-Lavaysse était chargé de traiter avec Pétion; A. Franco de Medina, qui avait commandé à Santiago jusqu'à 1809, était député vers Christophe. Lavaysse, reçu en audience publique par Pétion, dut se convaincre que l'indépendance était pour les Haïtiens une conquête qu'ils entendaient ne pas abandonner et qu'ils sauraient, à l'occasion, défendre avec la plus farouche et la plus indomptable énergie. Il emporta en France le meilleur souvenir de ses relations avec le Président, et la promesse qu'une indemnité raisonnable pourrait être versée aux colons dépossédés. Quant à Franco de Medina, Christophe le traita comme un espion français; arrêté à Ouanaminthe, il fut traîné au Cap, mis aux fers, et condamné à mort (novembre 1814). Christophe publia les instructions secrètes dont Medina était porteur : Haïti tout entière jura de repousser toute agression française.


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