Manuel d'histoire d'Haïti

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LA SCISSION

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Joux, puis libéré sous La condition formelle de rester en France. En 1810, il trompa La police de Napoléon Ier et débarqua aux Cayes. Pétion ordonna des fêtes officielles pour célébrer le retour de son ancien chef, et lui confia, peu après, la délicate mission de pacifier la Grand'Anse. Rigaud se laissa circonvenir à Jérémie par Bruno Blanchet et accepta de constituer le Sud en Etat indépendant. Le 28 octobre 1810, chaque paroisse du Sud nomma clandestinement un délégué, appelé électeur. Trois jours après, Rigaud se transporta aux Cayes; on l'y reçut en triomphe. Les électeurs présents se muèrent en députés formant une Assemblée Départementale. Dès le 3 novembre, l'Etat du Sud était constitué avec Rigaud pour chef. Quelques sénateurs de l'Ouest, mécontents de la dictature de Pétion, Lys, LE Daumec, Bonnet quittèrent furGÉNÉRAL RIGAUD. tivement Port-au-Prince et mirent leurs talents au service du nouvel Etat. . Pétion, quoiqu'il ressentît vivement ces défections, ne voulut point d'une guerre civile. Rigaud et lui convinrent d'une entrevue au pont de Miragoane (2 décembre 1810). Pétion accepta le fait accompli, mais obtint que l'Ouest et le Sud resteraient unis contre Christophe. Pendant l'entretien, Rigaud, toujours colérique, excité par une intervention de Delva, officier de l'Est, se perça le pied de son épée. 11 ne put guérir de cette blessure. Bientôt la souffrance physique s'accompagna d'un profond découragement. Dégoûté des hommes et des choses, il se retira sur son habitation Laborde, dans la plaine des Cayes et y mourut le 18 septembre 1811, à l'âge de cinquante ans.


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