Manuel d'histoire d'Haïti

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HISTOIRE D'HAÏTI

136. — Pétion Président (9 mars 1811). Après le siège de Port-au-Prince, le Sénat de la République pensa que Christophe, par l'acceptation pure et simple de la Constitution de 1806, remédierait à la néfaste scission du Nord et de l'Ouest. Provisoirement, le Secrétaire d'Etat, Bruno Blanchet, eut toutes les attributions du Pouvoir Exécutif. A la fin de janvier 1807, le Sénat décréta que Christophe n'avait pas témoigné d'une bonne volonté suffisante pour prêter le serment requis par la Constitution et le mit hors la loi. La vacance présidentielle était ouverte. Le général Etienne-Elie Gérin, ancien ministre de la Guerre de Dessalines, chef de l'armée révolutionnaire qui détruisit le premier Empire d'Haïti, était le candidat préféré de la majorité du Sénat. Il était, paraît-il, si certain de son élection qu'il avait déjà fait confectionner son costume de Président. A la séance sénatoriale du 9 mars, le premier point de l'ordre du jour comportait la discussion d'un projet d'administration financière conçu et rédigé par un sénateur des mieux informés en ces questions, le général Bonnet. Gérin critiqua amèrement et le projet et son auteur. Le sénateur Daumec lui répliqua courtoisement. Un dialogue très vif s'ensuivit, et Gérin, au paroxysme de la colère, quitta la salle en hurlant des paroles insensées. Les sénateurs se regardèrent, stupéfaits. Le général Bonnet profita habilement de cet incident, et rappela les mérites du général Pétion, grand ouvrier de l'Indépendance, ami et défenseur des noirs, bon et désintéressé entre tous.


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