Manuel d'histoire d'Haïti

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POUR ORGANISER HAÏTI

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on, trois en réalité. Pétion fit admettre par le Conseil des généraux : 1° qu'un pareil projet déchaînerait la guerre civile ; 2° que le général Christophe, chef provisoire de l'Etat, pouvait, seul, disposer du trésor impérial. L'attitude de Christophe restait énigmatique. Spectateur éloigné des événements de Port-au-Prince, il blâma, dans une lettre à l'Impératrice (21 octobre), la défection des généraux de l'Ouest et du Sud. Deux jours après, il signa cependant un Acte des généraux du Nord, flétrissant "le joug affreux, la tyrannie révoltante" de Dessalines, et dans une lettre à Pétion, il approuva "la bonne conduite de ses frères du Sud et de l'Ouest". Il se rallia à l'idée, venue de l'Ouest, de la convocation d'une Assemblée Constituante en vue d'établir une République en Haïti. Par sa proclamation du 3 novembre, il ordonna les élections dans toutes les paroisses (20 novembre). Cette condescendance s'explique facilement. L'autoritaire Christophe se croyait sûr de la majorité H dans la nouvelle Assemblée : . CHRISTOPHE (1806-1820) on comptait, en effet, trente-trois paroisses soumises à son influence directe dans le Nord et l'Artibonite, contre vingt-trois seulement dans l'Ouest et le Sud. Ne doutant point du triomphe de ses idées politiques, il imita Toussaint Louverture, resta au Cap et permit à la Constituante de se réunir à Port-au-Prince. Le 30 novembre, les députés du Nord arrivèrent à Portau-Prince ; leur étonnement fut grand de ne pas y trouver leurs collègues déjà réunis. C'était Pétion et Gérin qui avaient retardé les élections. Afin de se constituer, coûte que coûte, une majorité libérale, ils divisèrent à la hâte


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