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HISTOIRE D'HAÏTI
lennelle, célébrer la proclamation de l'Indépendance; en attendant, pour bien montrer qu'il fallait oublier la France, il redonna à Saint-Domingue son nom indien d'Haïti. Le 31 décembre, les généraux se réunirent aux Gonaïves, chez Dessalines, pour entendre lire l'Acte de l'Indépendance et la Proclamation du général en chef à la population d'Haïti. Dessalines avait confié le soin de rédiger ces deux documents à Charéron, le plus ancien de ses secrétaires. Charéron, ayant longtemps vécu aux EtatsUnis, s'était inspiré de la déclaration d'Indépendance du
LA
VILLE
DES
GOXAÏVES
VUE
DU
. (Au milieu le musée du
MARCHÉ
centenaire.)
Congrès américain, et avait composé quelque chose d'abstrait, d'allure juridique, sans vie ni chaleur et où rien ne passait des sentiments violents qui émeuvent les âmes. Ce fut dans un morne et lourd silence qu'on en écouta la lecture. Boisrond-Tonnerre intervint brusquement : "Tout ce qui a été fait n'est pas en harmonie avec nos dispositions actuelles : pour dresser l'Acte de l'Indépendance, il nous faut la peau d'un blanc pour parchemin, son crâne pour écritoire, son sang pour encre et une baïonnette pour plume!"