Manuel d'histoire d'Haïti

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HISTOIRE D'HAÏTI

En 1802, Toussaint étant déporté, Leclerc ordonna le désarmement général de la population. La surprise de la première heure permit de recueillir, dans les bourgs, un grand nombre de fusils. Dans les mornes, les cultivateurs préférèrent se jeter dans les bois et grossir les bandes d'insurgés qui n'avaient jamais reconnu l'autorité de Leclerc. L'activité de ces "hors la loi", après avoir sommeillé pendant trois mois, se fit sentir partout. Dans le Nord, les quartiers du Limbé, de Plaisance, de la Grande-Rivière, menacés par Scylla, Sans-Souci, Petit-Noël Prieur, Yayou, Romain, n'offrirent aucune sécurité. Dans l'Ouest, Courjolles, Larose, Conflans, Lafortune, Lamour Dérance reprirent les armes. Dans le Sud, Goman, Janvier Thomas, Jean Panier, Gilles Bénech, se rendirent maîtres d'une partie des quartiers de Tiburon et des Irois. Charles Belair, neveu de Toussaint, tenta d'unifier leurs efforts dispersés. 99. — La prise d'armes de Charles Belair. Charles Belair était un noir intelligent, intrépide; en 1801, Toussaint, au faîte de la puissance, avait songé à lui pour en faire l'héritier de sa politique; cette préférence marquée aurait même excité la jalousie de quelques généraux indigènes. Quoi qu'il en soit, Charles Belair, soutenu par l'ambition d'une femme courageuse, Sanite, prit les armes dans les Matheux et se proclama général en chef des insurgés. Dessalines insista pour obtenir de Leclerc l'autorisation de combattre son rival. Il s'empara de Sanite. A cette nouvelle, Belair, dont l'attachement pour sa femme était profond, sollicita une entrevue que Dessalines accorda avec empressement. Belair et sa femme furent livrés au gouvernement colonial, traduits devant un conseil de guerre formé d'officiers indigènes sous la présidence de Clerveaux, condamnés à mort et fusillés.


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