LIVRE HUITIÈME!*.
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Domingue, et d'avoir compté sur les divisions que son arrivée ferait naître dans l'île. Pétion accueillit d'abord avec enthousiasme son ancien général, et le nomma commandant de la province du Sud ; mais bientôt il fut jaloux des témoignages d'affection que Rigaud recueillait dans son commandement. Une rupture entre les deux chefs s'ensuivit, et pendant quelques semaines, la partie française de Saint-Domingue fut divisée en trois gouvernements bien distincts : celui du Nord et de la partie septentrionale de l'Ouest, sous Christophe; celui de la partie méridionale de l'Ouest, sous Pétion; et enfin celui du Sud sous le général Rigaud. Heureusement la scission entre les deux chefs mulâtres fut de courte durée; Christophe, qui en avait bientôt reçu la nouvelle, avait voulu marcher sur le Port-au-Prince. Un pacte fédératif, signé à Miragoane, réunit les deux chefs de couleur contre le président noir, qui apprit assez tôt cette réunion pour se retirer avant d'avoir rien entrepris. Mais quand le danger fut passé, la haine des deux mulâtres se réveilla de nouveau. En 1811 , tandis que Christophe, tout occupé d'affermir son autorité dans la partie soumise à son commandement , plaçait la couronne sur sa tête, Pétion et Goman, enfin réunis, révoltaient la garnison des Cayes contre Rigaud. Ce chef, heureusement secouru par son lieutenant Borgella, qui accourut d'Acquin pour mettre en fuite les rebelles, ne