Histoire politique et statistique de l' Ile d'Hayti, Saint-Domingue

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LIVRE SECOND.

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troduiraient dans le royaume, à condition qu'ils auraient la disposition libre des trois autres quarts. Ils démontraient dans leur mémoire, que celle mesure apporterait au fisc plus de revenu que les quarante sols pour cent qu'il relirait du fermier. Dés intérêts particuliers firent rejeter cette proposition , et dès lors la culture du tabac fut négligée pour celle de l'indigo et du cacao.On s'adonna aussi à la plantation du cotonnier; mais peu de temps après les premiers essais , on se tourna vers d'autres branches de commerce , et l'île, qui produit aujourd'hui trois millions six cent mille livres pesant de cet objet d'exportation , fut long-temps sans en posséder une plantation de deux carreaux. Cependant l'esprit d'indépendance qu'affectaient les restes des bandes de flibustiers qui avaient valu à la France ses établissements à Saint-Domingue . commençait à gèner le gouvernement. Sans trop se souvenir de ce qu'on devait à ces hommes intrépides et sans chercher à les payer de leurs services, en étendant sur eux les bienfaits d'une civilisation qu'ils n'eussent pas refusée si elle avait été accompagnée de quelques formes de liberté , on pensa à les détruire ou à les éloigner. On rêva de lointaines expéditions dans la mer du Sud, beaucoup moins dans le but d'inquiéter la puissance espagnole dans ces parages, que pour anéantir par elle les troupes qu'on lui opposerait. En même temps , à peu près, que Cussy avait succédé à Pouancey, Franquesnay


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