LIVRE SECOND.
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quement, qui pouvait avoir lieu sans danger dans le port même, fut fait, sans guide, à quarante milles. Les troupes errèrent quatre jours sans eau et sans subsistance; épuisées par la chaleur excessive du climat, découragées par la lâcheté,
la
mésintelligence de leurs officiers, elles ne disputèrent seulement pas
la victoire aux
Espagnols.
Elles furent plus heureuses , sinon mieux conduites, dans leur expédition contre la Jamaïque , qu'elles trouvèrent sans défense, comme elle était sans avis de leur approche, et qui demeura dès lors en la possession de l'Angleterre. Nous revenons à Dogeron : il avait servi quinze ans dans le régiment de la Marine, lorsqu'en 1656 , il passa dans le Nouveau-Monde. Avec les meilleures combinaisons, il échoua dans ses premières entreprises; mais la fermeté qu'il montra dans ses malheurs donna plus d'éclat à son mérite, et les ressources qu'il eut l'habilité
de
se
procurer,
ajoutèrent à l'opinion qu'on avait de ses talents. L'estime et l'attachement qu'il avait inspiré aux Français de Saint-Domingue et de la Tortue, engagèrent le gouvernement à le charger, d'en diriger , ou plutôt d'en établir la colonie. C'est en 1665 , qu'il revit avec une mission publique cet archipel occidental, où des revers essuyés dans une condition privée avaient plus honoré son courage et son mérite, que ne le font souvent les succès pour d'autres hommes.