Histoire politique et statistique de l' Ile d'Hayti, Saint-Domingue

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LIVRE SECOND.

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Dans les premiers temps, lorsqu'ils avaient fait un butin considérable, ils se rendaient à l'île de la Tortue pour faire leur partage; dans la suite, les Français allèrent à Saint-Domingue, et les Anglais à la Jamaïque. Chacun levant la main, et regardant le ciel, protestait qu'il n'avait rien détourné de ce qu'il avait pris. Si quelqu'un, mais cette circonstance fut toujours rare, était convaincu de faux serment, on le jetait à la première occasion dans quelque île déserte, comme un traître indigne de la société. Dans les partages, les braves qui arrivaient mutilés de leurs courses, étaient les premiers pourvus. Une main, un bras, une jambe, un pied coupés, se payaient deux cents écus; un œil, un doigt, un orteil perdus dans le combat, ne valaient que la moitié de cette somme. Tous les blessés avaient, pendant deux mois, un écu par jour pour leur pansement, et s'il ne se trouvait pas de quoi remplir ces obligations, qui étaient toujours sacrées , l'équipage reprenait la course, et la continuait jusqu'à ce que de nouveaux pillages eussent fourni un fonds suffisant pour acquitter une dette aussi respectable, et dont ces derniers combats augmentaient la somme. Après qu'on avait fait la part de la justice et de l'humanité, le demeurant du butin était divisé en autant de lots qu'il y avait de flibustiers présents et en santé. Leur commandant n'avait droit qu'à un seul lot comme les autres, mais il recevait 5


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