Histoire politique et statistique de l' Ile d'Hayti, Saint-Domingue

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LIVRE SECOND.

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cédaient, l'acharnement de l'ennemi était redoublé. Quand ils virent que leur liberté et leur vie étaient la conquête qu'ambitionnaient le plus les Européens , ils prirent enfin les armes, et la vengeance qui, cette fois n'alla pas plus loin que l'injure, fut plus terrible pour avoir été plus attendue. Dans les premiers temps, les Anglais et les Français faisaient cause commune contre les Caraïbes ; mais cette espèce de société fortuite était souvent interrompue. Les sauvages savaient en profiter : quelquefois ils avaient l'adresse de faire la paix avec l'une desdeux nations, et souvent ils servirent d'auxiliaire à l'un ou à l'autre des deux peuples. Ces divisions entre leurs ennemis eussent d'ailleurs été une faible ressource pour la sûreté de ces insulaires , si l'Europe , qui ne s'occupait guère d'un petit nombre d'aventuriers qui, sous divers pavillons, n'avaient travaillé que pour eux, n'eût également négligé le soin de les gouverner, et l'attention de les mettre en état de pousser ou de reprendre leurs avantages. L'indifférence des deux métropoles détermina , au mois de janvier 1660 , leurs sujets du Nouveau-Monde, à faire eux-mêmes une convention qui assurait à chaque-peuple les possessions que les événements variés de la guerre lui avaient données,et qui n'avaient eu jusqu'alors aucune consistance. Ces dispositions rétablirent pour quelque temps la tranquillité dans celte partie de l'Amérique. La


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