Histoire politique et statistique de l' Ile d'Hayti, Saint-Domingue

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LIVRE PREMIER.

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il essaya de les laisser entrevoir , mais ses representations, mal reçues à la cour, ne furent bientôt plus renouvelées. Le plus grand mal fut que les concessionnaires établirent des procureurs sur les lieux. Ces agents avaient tout à la fois leur fortune à faire , et les intérêts du maître à soutenir; ces doubles besoins firent peser sur les malheureux Indiens un double travail, et la destruction de leur race devint de jour en jour imminente. Ferdinand faisait alors la guerre dans le royaume de Naples; il ignorait par quels moyens on versait l'or de la colonie dans ses coffres, mais il ne cessait de combler d'éloges, et d'appuyer de toute sa puissance une administration qui, chaque année, faisait régulièrement arriver en Espagne de quoi fabriquer plus de cinq cent mille écus d'or, que dévoraient chaque année les dépenses de la guerre. Encouragé par ces éloges, Ovando voulait les mériter davantage; aussi c'étaient chaque jour des exactions nouvelles. Une ordonnance fut publiée, par laquelle il affermait la pêche, la chasse, et les salines naturelles du pays : mais le cri public contre cette dernière spoliation se fit entendre jusqu'à Madrid. Le roi cassa l'ordonnance du gouverneur, et peu de temps après, comme par compensation , il en publia une autre de la plus grande utilité pour les colons, et qui marqua le commencement de la fortune véritable de l'île Espagnole.


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