LIVRE QUATRIÈME.
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déclare que toutes les troupes noires doivent être réformées pour être rendues à la culture, et que les troupes européennes seraient seules employées à la défense des côtes. Alors la méfiance entre dans le cœur des soldats ; et tandis qu'auparavant une partie d'entre eux avait pris la houe sans murmurer, ils montrent leur éloignement pour l'exécution d'une mesure que je leur démontrais indispensable, et qu'ils ne regardent plus que comme attentatoire à leur liberté « Quelles que pusssent être les méfiances dont je devais être environné , quelque fidèles que fussent les avis que je recevais de toutes parts des plus sincères amis de la prospérité de Saint-Domingue , quelques craintes que m'inspirassent les attentats qu'on méditait contre ma personne, je ne balançai pas de partir pour le Cap ; je cherchai même à donner une preuve de ma confiance à la première autorité , en ne me faisant accompagner que par un aide-de-camp et un officier de cavalerie; mais arrivé sur l'habitation d'Héricourt , des bruits effrayants viennent m'y alarmer; j'y apprends qu'au Fort-Dauphin le 5e régiment colonial, qui concourut tant au rétablissement de l'ordre , à la pacification de la Grande-Rivière ( la Vendée de SaintDomingue), à l'éloignement des Anglais, est devenu la victime des troupes européennes , qui livrèrent autrefois aux puissances étrangères les points de la colonie qui avaient été confiés a leur défense. 20