LIVRE
QUATRIÈME.
189
séances , il le trouva défendu par un parti nombreux de gardes nationales ; il les fit sommer de se retirer en proclamant la loi martiale. Un feu vigoureux fut la seule réponse de l'ennemi : quinze des soldats de Mauduit tombèrent à ses côtés dans cette première décharge ; mais la garde coloniale prit bientôt la fuite , laissant son chef et deux des siens sur le champ de bataille et quarante prisonniers à peu près. Un seul membre du comité se trouvait dans ce nombre. On leur rendit à tous la liberté, acte de modération qui s'accorde peu avec la conduite de Mauduit, qui fit porter chez lui en triomphe les drapeaux de la garde nationale du Port-au-Prince, enlevés dans la salle du comité provincial, où on les déposait d'ordinaire. Cependant la province du Nord, après avoir répondu par une proclamation violente au du
décret
28 mai, préparait des moyens de vengeance
plus puissants. Elle faisait marcher un corps d'armée assez nombreux, sous les ordres du baron de Vincent. Peynier de son côté, dirigeait le chevalier Mauduit sur le même point , avec les instructions les plus précises. A mesure que l'instant décisif approchait, l'animosité des partis s'exhalait dans les accusations les plus amères. Le gouverneur et les siens accusaient hautement l'assemblée générale d'avoir vendu la colonie aux Anglais, pour une somme de quarante millions. On n'a jamais bien su si cette accusation était