Histoire politique et statistique de l' Ile d'Hayti, Saint-Domingue

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LIVRE QUATRIÈME.

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partie de la nation n'aurait réclamé vainement droits auprès de l'assemblée des représentants du peuple français. Dans le même temps, une discussion toute philanthropique sur l'esclavage des noirs , s'ouvrait dans le sein de l'Assemblée ; la nation entière paraissait avoir fait de cette grande question la sienne propre , et, le 4 décembre , un membre distingué de la législature, prononçait ces paroles hardies et désintéressées : « Je suis un des plus grands proprié« taires de Saint-Domingue; mais je vous déclare « que dussé-je perdre tout ce que j'y possède, je le « préférerais, plutôt que de méconnaître les prin« cipes que la justice et l'humanité ont consacrés : « je me déclare et pour l'admission des sang-mêlés « aux assemblées administratives, et pour la li« berté des noirs ». Ces paroles fameuses du député Charles de Lameth , parurent intempestives aux yeux du plus grand nombre; leur effet fut terrible, elles épouvantèrent les grands planteurs, et leur inspirèrent contre les hommes de couleur une haine profonde qui ne tarda pas à éclater. Elle décida au Cap l'exécution du mulâtre Lacombe, dont tout le crime était d'avoir signé une pétition, dans laquelle il réclamait les droits de l'homme; et on lit dans le tome 3 de l'ouvrage intitulé Débats des colonies, que le plus grand crime qu'on reprocha à cet écrit, était dans la forme inusitée de sa rédaction. Les mulâtres du petit Goave avaient adressé à


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