Coeurs martiniquais

Page 90

82

CŒURS MARTINIQUAIS

— Et Rodolphe accepte qu'à son âge, Ginette entre en religion ? — Rodolphe est la prudence même. Il a obtenu qu'elle attende encore quatre ans. — A-t-il su seulement plaider ma cause ? — Oh ! oui, répondit Monsieur Fougeras. Rodolphe a pour toi la plus grande estime, et ce projet qui n'éloignerait pas sa nièce, lui souriait à tous les points de vue. C'est, je crois même, avec une secrète espérance qu'il a réclamé d'elle cette attente de quatre années. — Père, je voudrais entendre de Rodolphe même, les paroles qu'elle a prononcées. — Rien de plus facile, mon ami. Demain, à la fermeture du magasin, rends-toi au cabinet de ton beau-frère tu seras presque sûr de l'y trouver. Le lendemain à l'heure dite, Roland se présenta à la rue de la Madeleine. D'une main tremblante, il tourna le bouton de la porte d'entrée. L'idée qu'il pouvait rencontrer celle qui occupait sa pensée, l'agitait d'une vive émotion. Le Ciel le servit à souhait. Ginette était sortie, à ce qu'il comprit au babil de Petit-Paul, et Rodolphe se trouvait à son bureau. Anne-Marie même, n'était pas là. Elle avait été visiter une pauvre malade des environs que son mari avait signalée à sa pitié. Ce fut Da Ti-Clé qui introduisit Roland. Rodolphe ne fut pas surpris en voyant entrer son beau-frère, il s'attendait à cette visite : — Roland, dit-il, as-tu compris combien j'ai été navré !... et sa main étreignit fortement celle du jeune homme. — Rodolphe, répète-moi ce qu'elle a dit. Et quand il eut tout entendu, ne voulant pas malgré tout, désespérer : — Si je m'adressais moi-même à elle, peut-être seraitelle plus touchée de ma prière.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.