Coeurs martiniquais

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CŒUItS MARTINIQUAIS

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l'apaiser, lui tendait des pastilles de chocolat et que Ginette lui appliquait sur les joues deux gros baisers, ce qui contribua plus que tout le reste à lui rendre sa bonne humeur. M. Fougeras proposa alors d'entrer au salon, où Anne-Marie ferait un peu de musique en attendant l'heure de la messe. La jeune femme se mit au piano et joua à la prière de son mari une délicieuse rêverie de Schumann ; puis Ginette demanda à Roland de chanter « la Vierge à la Crèche ». Le jeune homme entonna de sa belle voix la berceuse bien connue, tenant ceux qui l'écoutaient sous l'impression attendrissante des larmes de la divine Mère, et du sommeil de l'Enfant Dieu. — Et vous, Ginelte, dit-il ensuite, ne nous chanterezvous rien ce soir ? — Si vous voulez un noël ? dit-elle, toujours prête à faire plaisir. — Oui, oui, mais pas un vieux. Celui d'Holmès que tu chantes si bien pour endormir Petit-Paul, dit AnneMarie. Je t'accompagnerai. La jeune femme se remit au piano et Ginette de bonne grâce, s'exécuta. Tout aux paroles qu'elle prononçait, elle ne vit pas, fixé sur elle, le regard très ému de Roland. Au fond du ciel bleu Demandez à Dieu Le bonheur pour celui que j'aime, acheva-t-elle harmonieusement, pendant que les yeux du jeune homme se mouillaient. Doucement elle vint se rasseoir près d'Anne-Marie, en lui disant : — Il nous manque Liliane. — Elle n'a pas voulu serendreà l'invitation de Mama, répondit Monsieur Fougeras. Elle nous a allégué


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