Coeurs martiniquais

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CŒURS MARTINIQUAIS

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bonne nouvelle de l'excursion. C'était le motif de sa venue si matinale. Mais les yeux fixés vers le Nord, sur la montagne dominant la ville, il semblait n'avoir plus d'autre pensée : — Anne-Marie, ne dirait-on pas qu'elle fume ce matin notre Pelée ? Elle a mis un bonnet blanc. — Les nuages s'amusent à la coiffer, répondit la jeune femme. Pourvu qu'il n'en soit pas ainsi le jour de notre ascension. — Oui, car le brouillard nous gâterait la vue, continua son frère en prenant congé d'elle. Ainsi, Ginette, c'est entendu, à la montagne, en septembre, avec Liliane. — Merci, Roland, dit-elle, mettant sa jolie main dans celle qu'il lui tendait, et le jeune homme s'en alla dans la direction de son magasin, emportant comme un trésor en son cœur ce simple mot, pendant qu'Anne-Marie et Ginette reprenaient le chemin de la maison. Le jour tant désiré ne tarda pas. M. de Ligneul se rendant aux prières de son vieil ami lui avait mené Liliane et, par cette claire matinée de septembre, on pouvait voir se dérouler au loin la caravane microscopique précédée des guides, deux vaillants noirs, pour qui les sentiers de la montagne, ne connaissaient point de secrets. Tante Marna ayant déclaré que ses jambes n'arriveraient jamais là-haut, Anne-Marie lui confiant Petit-Paul s'était jointe avec Rodolphe aux joyeux excursionnistes. Partis du Morne-Rouge, ils arrivèrent le plus loin possible à cheval pour continuer à pied l'ascension. La montée était dure et pénible. Anne-Marie s'appuyait au bras de son mari, pendant que Roland et Gaston soutenaient Liliane et Ginette. MM. de Ligneul et Fougeras fermaient la marche, suivis de Martino porteur des provisions. De temps en temps, on s'arrêtait pour mesurer du


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