Coeurs martiniquais

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COEURS MARTINIQUAIS

D'autres fois, il les conduisait, en voiture, au » MorneRouge » où les jeunes filles aimaient à s'arrêter aux pieds de Notre-Dame de la Délivrande, se recommandant aux prières de la divine Mère et revenant à SaintPierre, chargées de violettes et d'œillets, dont elles faisaient deux grosses parts : l'une destinée à AnneMarie, retenue le plus souvent à la maison, et l'autre que Ginette allait déposer sur la tombe de ses parents. Monsieur Fougeras évitait « l'Anse », mais le « Fonds Coré «, avec sa jolie plage et ses coquettes villas échelonnées le long de la route, recevait fréquemment leur visite. Lorsque c'était dimanche, Roland était de la partie, et aussi, le jeune frère de Liliane, Gaston de Ligneul qui, pensionnaire au Collège, sortait en permission chez les Fougeras. Les jeunes gens s'amusaient bien. Roland, Liliane et Gaston comme de véritables enfants ; Ginette, heureuse de leur joie, du grand air, de la brise fraîche, du beau ciel qui brillait au-dessus d'eux. Us passaient alors de gais instants, à lancer des galets dans la mer, ou à donner la chasse aux « tourlourous(l) » et tante Mama les regardant, renaissait, hélas ! par la pensée, à sa jeunesse vite envolée. Certain jeudi, elle les mena au « Jardin des Plantes» que Liliane ne connaissait pas. Ils purent visiter le musée, et Roland, profitant d'une heure de liberté, voulut les conduire jusqu'au « Bleu ». Ils y admirèrent la fraîche cascade, le bassinazuré autour duquel croissaient à foison les capillaires, puis, par les allées mystérieuses, imprégnées des parfums de l'ylang, où toute la flore tropicale semblait s'être donné rendez-vous, sous l'épaisse frondaison des arbres et le rideau grimpant 1. « Tourlourous », petits crabes rougés,


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