Coeurs martiniquais

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CŒURS MARTINIQUAIS

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fils comme si c'était une chose décidée depuis longtemps. — Et Marna ? — Tante Mama est ravie. Elle m'a chargé de te dire qu'elle viendra bientôt te voir. — Je voulais envoyer Ti-Clé à la pension, ajouta Madame Daubray, mais Ghouloute s'étant absentée, la bonne vieille à dû rester. — Heureusement, remarqua Rodolphe. Anne-Marie a l'intention d'aller demain au pensionnat. Elle éprouvera beaucoup de joie à annoncer ses fiançailles à Ginette. C'est de celle-ci surtout que nous avons causé aujourd'hui, puis de toi aussi, Maman. — Ma petite-fille et moi, vous avons servi d'entrée en matière, dit la bonne mère. Mais bientôt vous ne parlerez pas tant des autres que de vous-mêmes. — Ce qui ne nous empêchera pas de penser que tu es la meilleurè, la plus délicate des mères, dit Rodolphe en se levant. Maman, tu as été l'instrument de mon bonheur. Ti-Clé qui entrait mit fin à l'entretien. La vieille Da avait été enchantée d'apprendre le mariage : — Ah 1 mon fi, avait-elle dit au jeune homme avec celte familiarité quasi maternelle qu'elle conservait envers l'enfant qu'elle avait porté, jadis, dans ses bras, Madanme épi moin, n'a pé mô tranquilles à présent. On pé dit, chè, ou né coiffé (1). C'avait été sa façon d'exprimer l'admiration que lui inspirait la douce fiancée de Rodolphe. Anne-Marie, dans sa chambrette bleue, rêvait, elle aussi, ce soir-là. A son doigt, brillait l'anneau des fiançailles. Après le lui avoir passé, Rodolphe, sur l'invi1. Ah ! mon fils, Madame et moi pouvons mourir tranquilles maintenant. Vous êtes né coiffé.


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