Coeurs martiniquais

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CŒURS MARTINIQUAIS

écroulé. Mais ne crains rien. Je ne serai pas maladroite. Tu verras bien. Quelques jours après, Mlle Emma Fougeras, en course dans les magasins, passait faire une petite visite à Mme Daubray. La mère de Rodolphe trouva l'occasion heureuse pour s'enquérir des sentiments de la bonne tante au sujet de son fils. Tante Marna vint sans y penser au-devant de ses désirs. — Savez-vous, ma chère amie, que vous êtes heureuse d'avoir un tel fils, dit-elle en parlant de Rodolphe qui venait de les quitter. Mon frère pense de lui le plus grand bien et dit qu'il est rare de rencontrer tant de valeur, jointe à une si grande modestie. — Oui, dit la mère servie à souhait, Rodolphe ne m'a jamais donné que des consolations. Je ne lui en demande plus qu'une, celle de le voir marié avant que je m'en aille de cette terre. Il est presque décidé à la chose, mais la crainte d'être refusé l'arrête encore en chemin. — Comment la crainte d'être refusé ? Mais votre fils, ma chère amie, est un des meilleurs partis de SaintPierre. Qu'il charge mon frère de faire pour lui les démarches nécessaires. Il est assuré de leur succès. Mme Daubray sourit, embarrassée : — Rodolphe ne craint pas tant l'opinion des parents que les sentiments personnels de celle qu'il a choisie. Il la trouve si parfaite qu'elle lui semble pouvoir prétendre aux plus dignes. Il n'a jamais su deviner ce qu'elle pense à son égard. — C'est assez difficile, dit tante Mama. Peut-on savoir ce qui se passe dans ces têtes de jeunes filles ? Le mieux serait de la faire questionner par une amie très sûre. Anne-Marie la connaît-elle ?


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